Mon premier MOOC, l’art de la pédagogie

Entre décembre 2019 et février 2020, la Grande École du Numérique proposait un cours en ligne sur « l’évaluation dans l’acquisition des compétences ». J’ai revu mes classiques et j’ai appris de nouvelles choses. 

Les MOOCs (massive open online course ou formation en ligne ouverte à tous) sont une forêt touffue dans laquelle on peut vite se perdre. Il en existe des millions sur des milliers de plateformes sur des sujets très divers (même sur l’histoire du terrorisme récent et la lutte contre la radicalisation). Moi-même, avant de rentrer en formation, je m’y étais essayé à plusieurs reprises sans grande réussite. Manque de temps, pas toujours sûr de ce que je cherchais, comme nombre d’apprenants je manquais d’assiduité… 

Pas si Massif, le MOOC

Cette fois-ci les enjeux étaient différents. Le cours était bien ciblé et bien contextualisé. Il s’adressait à une communauté précise, bien définie : les formateurs, coordinateur de formations, coordinateurs pédagogiques aux métiers du numérique, labellisée GEN… de préférence mais pas obligatoirement. 

Contrairement à une idée reçue, les MOOCs ne s’adressent pas au tout venant. Ils ne rendent pas le savoir universel accessible à tous d’un claquement de doigts, quelques pré-requis sont indispensables. L’apprenant doit savoir ce qu’il cherche ; les concepteurs pédagogiques à qui ils s’adressent et pourquoi.  

Dès le début, le temps nécessaire au MOOC était annoncé : deux à trois heures par semaine. Ce qui relève de l’ordre du possible dans une semaine de travail bien organisée.

Ce que j’ai appris

J’ai trouvé le cours bien construit, car les apprenants étaient poussés à l’action et la réflexion. Pour rappel un (bon) MOOC c’est ( ce sont ) : des cours en multimédia (texte, vidéos, sons…) + un forum + des visio-conf avec les concepteurs pédagogiques + des validations de compétences à chaque module. 

Après chaque cours, il fallait interagir, faire une proposition sur le forum et la confronter avec les autres apprenants. J’ai revu l’incontournable taxonomie de Bloom, j’ai appris le sens du mot docimologie. 

Sur les cinq modules, le plus intéressant était consacré aux OpenBadges. Le sujet est plutôt bien documenté, je vais essayer de faire bref et simple : 

Un OpenBadge, c’est comme une compétence acquise dans un jeu de rôle. 

Ex : Je suis sorcier, j’accède au niveau III grâce à mon expérience, j’acquiers la compétence nécromancie. Je vais pouvoir ressusciter les morts.

Dans le jeu de rôle du réel, un OpenBadge est une image avec des métadonnées qui valide une compétence dans un contexte particulier. 

Ex : J’ai le badge SuperMaker3D, il certifie que je sais me servir d’un scanner 3D, des logiciels de conception et d’impression 3D, et d’une imprimante 3D. Je l’ai obtenu au Lab01. Ce badge peut être reconnu dans d’autres FabLabs qui l’endossent ou reconnaissent des équivalences… et oui ce standard d’évaluation est ouvert !

Les OpenBadges sont portatifs, peuvent se partager sur des CV en ligne. À l’avenir on peut imaginer « qu’il y aura autant de badges que de sites webs » dixit le cours. Une diversité qui fera la richesse dans l’acquisition des compétences et la création de formation à la mesure de chacun.  

badgecanevas
Canevas pour créer son propre badge créé par l’association Reconnaître

Le MOOC comme outil et processus

Dans le monde de la pédagogie des formations professionnelles, des rélexions sont à l’oeuvre quant à l’utilisation des MOOCs. À la lumière de cette expérience, je crois qu’il ne faut pas voir dans le MOOC une finalité, mais un outil, un processus.

Notons quelques initiatives intéressantes : 

La région Auvergne-Rhône-Alpes lance bientôt une formation en partenariat avec l’Ecole des Mines de Saint-Etienne. Elle sera mi-MOOC, mi-FabLab. Elle s’adressera aux demandeurs d’emplois. J’imagine que le but sera de faire réaliser en FabLab ce qui a été appris grâce aux cours en lignes. 

Au Lab01, où je travaille, nous réfléchissons à la création d’un Campus Collectif. L’objectif est de réunir pendant deux heures par semaine des personnes qui suivent des cours en lignes (tutos youtube, MOOCs, tout ce qu’Internet peut offrir…) et de créer les conditions d’un partage des connaissances. Le meilleur moyen d’apprendre étant d’expliquer à d’autres ce que l’on a appris. Pour le moment nous essayons de lever les freins : trouver le bon créneau et un nombre suffisant d’apprenants.

Comme je l’ai expliqué plus haut, avant de suivre un MOOC il y a un chemin à parcourir : savoir se servir d’un ordinateur, savoir pourquoi on suit le MOOC… etc… 

Sur Internet, la plateforme We Co Learn (en cours de développement) veut mettre en relation les autodidactes, ainsi permettre la création de communautés apprenantes localisées. Un outil à tester pour les organismes de formation et les FabLabs. 

Quoi qu’il en soit, les cours en ligne s’inscrivent dans des enjeux multiples : formation continue des salariés, formation des formateurs, formation des personnes éloignées de l’emploi, réponse à de nouveaux besoins de compétences en entreprise…etc. 

Et maintenant je mets le cap sur un nouveau MOOC : l’atelier RGPD par la CNIL. 

Contribuer aux communs de la connaissance sur MoviLab :
Formation aux métiers du numérique

Merci à Catherine Serre, Mary de Paris, Sylvie Pollastri et les contributeurs anonymes pour leurs aides dans la publication de cet article.

4 réactions sur “ Mon premier MOOC, l’art de la pédagogie ”

  1. Marjorie SOUTRIC - La Grande Ecole du Numérique Réponse

    Merci Aurélien pour votre retour d’expérience sur notre MOOC qui, vous avez raison, est en fait un SPOC (Small Private Online Course) car il s’adresse en priorité à un certain public. Nous avons choisi de garder le terme de MOOC d’abord parce qu’il est tout de même ouvert à tous mais aussi parce que nous nous sommes aperçus que ce terme de SPOC ne parlait qu’aux experts.

  2. Jean-Yves JEANNAS Réponse

    Bonjour,
    Merci pour ce retour, et cette analyse pertinente des MOOC qui ne sont pas « la solution universelle », loin de la, mais des outils/ressources pour certaines catégories d’apprenants.
    Le « campus collectif » est en revanche une excellente idée.
    A l’époque (en 2002 :-)) j’avais envisagé cela dans un village à l’extrême sud de Madagascar (Fort-Dauphin) pour aider la population à se former. Mais les modems 33,6 Ko et le manque de temps et de financements (j’étais bénévole dans l’école du village pour installer un serveur WEB sur le réseau local et former les enseignants aux TICE) n’ont pas permis à ce projet d’aboutir.
    Mais il est clair que le rétablissement d’un lien entre apprenants est une des conditions favorisant un apprentissage social au sens du constructivisme.
    J’ai proposé lors de différentes consultation nationales la création de « Maisons du numérique » ayant entre autre cette fonction, je crois qu’il y a une initiative dans les Landes, et les Tiers-Lieux peuvent éventuellement partager ce rôle.
    Je serai heureux de vous aider et d’avoir de vos nouvelles si vous avancez sur ce projet.
    Bien à vous,
    JYJ

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